je ne reconnais plus les mains des gens
ni leurs visages de tempête
il me semble que j'ai squatté ce pays
dans un autrefois de mon jeune âge
où des frères habitaient un univers
affreusement et doucement caché
où la compréhension des choses ne se disait
que dans l'inertie de la vérité
inexistante je le sais


je ne vous reconnais plus héros de mon enfance
sang de mes souvenirs
affreuses plaies sur un parcours cahoteux
votre langage me déroute m'épuise me force à enfanter
des autoroutes de chagrins des chapelets de haine
parce que je connais l'épuisement de la vieillesse
l'intransigeant absolu des sexes mélangés
l'oblitération des actes irresponsables
précisément imprimés sur un tissu de mensonges
qui m'a habillé lorsque je ne connaissais pas la décision
sachant qu'aujourd'hui mes pas ne s'écriront pas dans nos boues


j'ai connu la rue que je vois ici
les spasmes de derniers recours attelés à chaque porte
sexes désespérés peaux cancérigènes
mains tendues dans des après-midis anxieux
parcourus en toute hâte piéton sans savoir
moi bête naissante à un monde
ahuri merveilleux


le bonheur n'existe pas
on l'invente



maintenant
voilà que je m'inscris contre vous
cruels dépotoirs de draps sales
de coupures de lèvres
de toutes ces petites morts vécues dans les mots
ceux qui ne savent que dire non
qui épuisent et calment
dérangent et fascinent


c'est un tout nouveau monde
ici
ma chaise craque



©1999 Montréal - Tony Tremblay

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